J'ai une formation de peintre en décors, j'affectionne les imitations de matières.

C'est avec la découverte de la technique de la scagliola* que j'ai commencé le volume.

Elle s'applique sur le squelette des sculptures comme une peau humide ; épaisse et lourde.

C'est elle qui lui donne sa couleur, son mouvements, sa structure : les parties veinées qui s'alternent avec d'autres plus calmes.

Je la modèle à la main, ayant très peu recours à l'outil. Toutes les étapes pour arriver à une scagliola sont ponctuées de long ponçages à la main qui voit le volume autant que la lumière le révèle.

C'est cette omniprésence du toucher dans cette élaboration qui, je crois, m'a poussé à inviter le public à toucher mes sculptures. 

Mais il y a aussi une raison plus profonde : j'ai commencé mon parcours artistique très jeune dans le théâtre de rue, c'est à dire avec un théâtre qui allait à la rencontre du public là où il se trouvait : dans la rue.

En cassant les codes du rapport entre les choses que l'on donne à voir et les spectateurs, on crée de nouveaux regards sur l'art, on l'accepte comme miroir sans complexe d’infériorité.

Je suis façonnée par cette conception de l'acte artistique qui me pousse à envisager d'exposer dans des lieux différents des galeries ou salons.